Rendre hommage par quelque forme que ce soit, à notre collègue, à notre amie Martine, vous l’avez compris Monsieur Thoinet, par notre insistance dès sa disparition, et nos demandes réitérées, c’était un devoir, une manière de lui apporter la reconnaissance qu’elle méritait et qu’elle aurait dû recevoir en fin de carrière, si la maladie ne lui avait pas volé cette fin de parcours professionnel.
Martine était animée par la passion d’apprendre et d’enseigner. Au service de l’institution et au service de ses élèves, elle faisait l’unanimité : disponible et patiente, équitable, souriante, efficace, rigoureuse et bienveillante …. Tous ses élèves se souviennent des petites chouettes qui annonçaient ses conseils pour réussir en SVT ou en physique et qui illustraient ses fiches méthode. Bien avant l’avènement de l’accompagnement personnalisé, elle mettait beaucoup d’énergie dans les études dirigées, la transition CM2 /6ème et sa mission de professeure principale.
Nous, les collègues, nous comptions sur elle pour nous fournir les bourgeons de marronnier, les sporanges de fougères, les pelotes de régurgitation des chouettes et bien sûr, les pattes de grenouille en provenance directe de ses Dombes natales.
Et en dehors du matériel pédagogique, j’ajouterai un petit clin d’œil à tous ceux qui ont goûté à l’eau de vie de mirabelles faite maison, qu’elle nous ramenait également.
Elle y a passé du temps dans ce lycée, et des soirées à travailler pour ce lycée, à faire et refaire des progressions et à imaginer des activités…parfois dans des états de faiblesse tels, qu’on pouvait se demander comment elle tenait.
Alors que le bon sens eut été de se reposer, elle trouvait dans le travail une force qui lui faisait supporter ses problèmes de santé. Son courage forçait l’admiration.
Professionnellement et humainement, j’ai beaucoup appris toutes ces années passées à ses côtés. Mais, je ne suis pas la seule car bon nombre de collègues, qui exercent aujourd’hui au lycée, ont débuté leur carrière avec l’aide de Martine et à l’occasion de son remplacement. Malgré la maladie, elle avait le souci de tutorer ses remplaçantes de sorte que ses élèves ne soient pas trop perturbés par ses absences.
Quand il a fallu choisir un lieu qui porterait son nom, ce fut comme une évidence :
Martine enseignait les sciences physiques et les SVT ;
Elle tenait à cette bidisciplinarité alors, aucun de nos deux départements ne pouvait s’approprier, au détriment de l’autre, une salle à son nom.
Chacun sait qu’en sciences, un professeur qui exerce au collège a beaucoup de classes ; De fait, chaque année Martine était associée à une dizaine d’équipe pédagogique. Elle était donc appréciée bien au-delà du bâtiment scientifique. Pour rendre compte de son rayonnement Il fallait choisir un espace commun, un espace ouvert à tous comme cette esplanade.
Par ailleurs, Martine était résidente et donc tous les ans, avec elle, nous souhaitions bon vent à des collègues partants alors que nous, les résidents, nous restons. On se plaisait à dire que nous faisions partie du mobilier du lycée Lyautey. Une certitude en tout cas, dans nos équipes, elle était un pilier, alors ce mur porteur du pôle scientifique est le mieux à même d’accueillir cette plaque qui lui est dédiée.
Martine était PEGC, un corps de professeurs mis en extinction en décembre 2003…un groupe de dinosaures comme elle le disait souvent.
Dans ce corps des PEGC, elle était de la classe exceptionnelle. La concernant, ce n’était pas usurpé.
Aujourd’hui, c’est donc une grande émotion mais surtout une immense fierté pour nous, de marquer avec cette plaque, notre attachement à notre collègue et amie et de pouvoir ainsi prolonger sa mémoire.